DEVOIRS DE VACANCES ET ACTUALITES JURIDIQUES

L’ARCHITECTURE EST MON ROYAUME

Aout 2012
(Michel Huet)

De grandes espérances ont effleuré, au-delà du mon des architectes, les penseurs et acteurs de l’architecture et de l’urbain.

L’insupportable séparation entre architecture et urbanisme allait pouvoir enfin se résoudre dans la constitution d’un grand ministère ou d’un pôle ministériel de l’Aménagement du Territoire au sein duquel l’Architecture aurait naturellement sa place.

C’était peu compter sur le poids des institutions, et plus profondément sur le poids de l’idéologie dominante à laquelle bon nombre d’architectes ont collaboré. Qu’est ce qu’un architecte ? … Un artiste ! Qu’est ce que l’architecture ? … Un des beaux arts avec la littérature, la peinture, la sculpture. Il est donc « normal » qu’elle soit rattachée au Ministère qui en assure la tutelle : le Ministère de la Culture.

Cette vision pour le moins conservatrice et très libérale a conduit depuis de nombreuses années l’Architecture à disparaître du PAF institutionnel puisqu’une des dernières « réformes » du gouvernement Fillon a consisté à supprimer purement et simplement la Direction de l’Architecture.

L’Architecture étant finalement devenue S.D.F., on pourrait être soulagé de la voir renaître de ses cendres dans les attributions du Ministère de la Culture. Quelles sont ces attributions ?

Responsable de la politique de l’architecture ? Souhaitons vivement qu’enfin il y en ait une. Favoriser la création architecturale ? Très bien, mais comment ? Avec quels moyens ? Le problème crucial aujourd’hui c’est la commande, or la commande privée est en déroute et la Commande publique exsangue.

Comme la Rénovation Urbaine a été attribuée, avec l’urbanisme et la politique de la Ville, au Ministère de l’égalité des territoires, et qu’elle sera pour les années futures la demande la plus importante, souhaitons que la liaison entre ce Ministère et celui de la Culture soit efficace. Ce n’est pas impossible si ce nouveau gouvernement applique la méthode Jospin de l’interministérielle, mais il n’en restera pas moins que si l’Architecture est invitée, il y a tout lieu de penser qu’elle n’aura pas le pouvoir de décision que nécessiterait une politique architecturale, urbaine et paysagère basée en priorité sur la question du logement.

Alors, il reste au Ministère de la Culture la promotion de la qualité architecturale et paysagère dans les espaces naturels et bâtis dont la mise en œuvre engagerait inévitablement de nouvelles dépenses.

Nous n’avons pas été habitués à de grands investissements des Ministres Socialistes sur l’Architecture à l’exception de Jack Lang et Catherine Trautmann. Il reste à espérer. Pour l’architecture et l’urbain réconciliés au niveau institutionnel, le changement, ce n’est pas maintenant, et ce, d’autant que si l’Ordre es Architectes se débat en s’accrochant désespérément aux « surfaces » dans un combat quelque peu surréaliste où il faut certes sauver le soldat architecte mais où l’essentiel est certainement ailleurs.

Et ce, d’autant que les Directeurs des Ecoles d’Architectures deviennent le fer de lance d’un combat autrefois mené par les enseignants, les étudiants et les personnels des Ecoles d’Architecture, pour un vrai plan de sauvetage des Ecoles d’architecture dans une vision ouverte à l’urbain, au paysage et à l’Environnement.

Ah, si j’étais Ministre d’un grand ministère recouvrant toutes ces disciplines, nous pourrions casser les cloisons et métamorphoser les relations culturelles économiques et sociales, rendre un tout petit peu plus de Bonheur aux vrais gens dons les espaces à vivre sont de plus en plus petits, de plus en plus chers, de plus en plus inaccessibles.

Mais, je ne le suis pas et il me reste à souhaiter une belle réussite à notre magnifique nouvelle ministre, n’ayant aucune légitimité à lui demander audience, mais persuadé que tous les matins au réveil, se mirant dans son miroir, elle répétera, découvrant avec étonnement que l’Architecture fait partie de ses attributions : « l’Architecture est mon royaume et je la sauverai de la barbarie et de l’indifférence ».